Parmi les ruptures technologiques qui sont sources d’incessants bouleversements, l’IA générative, qui traverse le « Hype Cycle » (source : IT for Business) à grande vitesse, promet d'avoir un impact inégalé, au point qu'on doive sérieusement se poser la question : quelles sont les compétences pour habiter pleinement, comme individu et citoyen, ce nouveau monde ? Ma proposition en 5 méta compétences.
Cinq compétences, ou méta compétences, génératrices de sens et d’invariance, sont susceptibles de nous aider grandement dans le monde qui vient (de fait, qui est déjà là).
Changement permanent et dominance du temps court : la quête du sens et de l’invariance
Changements permanents, dominance du temps court et incertitude grandissante sont désormais les maîtres-mots qui caractérisent notre ère. Constamment bousculé et remis en cause dans ses propres croyances et façons de faire, l’individu souhaite conserver un sens à son action, ses projets et activités variées, dans les sphères professionnelles et privées. Plus encore, il cherche à trouver et à générer de l’invariance, propice à l’émergence de points de repères (à l’image des amers dans la navigation), de rattachement, de prise de recul.
Finalement, chacun doit pouvoir cultiver et s’inscrire dans le temps long, ce qui est une quête essentielle pour définir notre relation au monde et devenir « citoyen du monde » ; une quête difficile parce qu’il faut s’extirper de l’effervescence et de l’instantanéité du quotidien. Dans cette quête, chacun pourra compter sur le développement de plusieurs compétences, ou méta-compétences, qui sont effectivement génératrices de sens et d’invariance, utiles tout au long de notre vie.
« 4+1 » : une combinaison inspirante
Dans leur ouvrage « Les compétences du XXIᵉ siècle », Jérémy Lamri et ses co-auteurs mentionnent le modèle « P21 » qui comprend une douzaine de compétences dont les « 4C » : Créativité, Communication, esprit Critique et Coopération. Qualifiées de compétences cognitives ou « learning skills », je les considère comme des méta-compétences propices à la prise de recul, au renouveau du temps long et, surtout, à l’émergence de citoyens du monde, dotés d’un libre-arbitre, clairvoyants dans la relation avec eux-mêmes et avec les autres. Pour éviter le syndrome du cordonnier mal chaussé, je me suis toujours préoccupé de développer, pour moi-même, ces compétences clés qui conditionnent largement mon identité professionnelle et personnelle, et, très pratiquement, m’inspirent au quotidien, par exemple, dans ma conduite de projets. En particulier, l’esprit critique me semble assez important pour être mis en œuvre chaque fois que nécessaire, et partager avec mes pairs.
À ces quatre compétences, j’ajoute un 5ᵉ C : la Curiosité (qui apparaît parfois à tort, à mon sens, comme un vilain défaut !).
Les « 5C » : se développer, grandir et se construire à travers le prisme des méta-compétences
Pour démontrer les bienfaits que l’on peut tirer des « 5 C », je ne résiste pas à revenir sur leur traduction dans mon parcours au quotidien.
- La curiosité : renouvelant sans cesse le regard qu’on porte sur le monde et sur soi, source potentielle d’émerveillement, et de multiples découvertes, elle constitue le meilleur rempart à l’épuisante impression de « déjà-vu » et de stérilité qui semble sourdre souvent du quotidien. Avec elle, nous apprenons à « rester étonné » et à questionner incessamment ce qui nous entoure ;
- La créativité : complémentaire de la curiosité, elle nous invite à contribuer au vaste champ des idées, et au-delà, à leur donner vie dans des projets concrets. Ses vertus sont connues : implication, évasion, imagination, nouveauté et réalisation ; ses applications variées, de la simple résolution de problème à la naissance d’une idée révolutionnaire. Chacun y trouvera une vraie satisfaction, celle de « contribuer » et de « marquer le coup » à titre personnel ;
- La collaboration : ancrée dans l’idée-force que chacun dispose d’un savoir et peut participer à la création et à la transmission des savoirs, cette compétence démultiplie la force d’action et de réalisation du collectif, par une confrontation des savoirs (l’exemple d’un ouvrage « à plusieurs mains »). Elle rappelle également à chacun ses propres limites ; on s’enrichit avec et dans le regard des autres, elle repousse les obstacles (le collectif éloigne la perspective d’une charge qui apparaîtrait insurmontable à l’individu)…
- La communication : savoir et faire-savoir, échanger et brasser les informations, une compétence essentielle pour se développer et exister au milieu des autres ; le plus beau des projets perdra beaucoup à être ignoré ! Par ailleurs, chacun doit travailler sa propre communication ; dans l’ère des réseaux, le « personal branding » prend une place essentielle ;
- L’esprit critique, enfin : dernière pièce du puzzle (point d’orgue ?), plus que jamais nécessaire (le vieil Aristote ne nous contredira pas) : compétence essentielle pour maintenir notre libre arbitre, aux dimensions variées : art du discernement, humilité, pensée analytique.
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